Gabriel Papapietro
Gabriel Papapietro est illustrateur, graveur, auteur de bandes dessinées, peintre à ses heures (trop rares), il chante parfois de subtiles chansons imitées du folklore rural américain (dont il est fou), il fut encore vidéaste (le temps d’un chef d’œuvre moitié animé, malheureusement perdu…), et acteur occasionnel dans les productions de son frère. Enfin et last but not least, Gabriel est le patron de la Cagouille : le temps de trois numéros devenus préhistoriques, il transforma la vision fulgurante qu’un soir d’inspiration donna au docteur Louche en un fanzine original, combinaison savante de poésie, d’humour et d’une vision de l’homme empreinte d’amour.
Car ce qui définit le mieux son travail tient dans ses trois termes : Gabriel est poète (au sens réel de ce mot, cf le dictionnaire), il est drôle (son esprit est plus vif encore que son trait), il est encore humaniste (là par contre au sens dégradé et contemporain, imposé récemment par le médiatique).
Disons quelque mot de son parcours : né à tours par hasard et en 1979, cet ainé d’une fratrie nombreuse grandit au soleil de Saintonge. Un accident survenu alors qu’il avait seize ans le priva de la jouissance d’un œil, mais c’est cette même année qu’il commença à développer son regard
La société imposant à tout jeune homme contemporain de transformer sa vigueur en diplômes, Gabriel fit un crochet à Bordeaux le temps de finir ses humanités (classiques celle-ci) en classes préparatoire, puis passa quelques saisons à Bruxelles, dans une école de gravure. Gabriel acheva son cursus à
l’Ecole des Arts Décoratifs à Paris, section gravure… Le prestige est une vanité, mais Gabriel fit là un heureux mouvement : il y appris un métier (tâche largement commencé en Belgique). Comme les maitres anciens apprenaient le leur dans les ateliers de leurs ainés, il ingéra des techniques, ce qui est ce qu’on peut faire de mieux sur cette Terre. Il découvrit peu à peu pendant ces année de formation que l’art n’existe pas hors de la société et du temps et que le génie le plus fécond n’est que passeur de témoin, maillon d’une chaîne, ce qui est peut-être la moins mauvaise définition du mot tradition.
Gabriel Papapietro est donc aujourd’hui un homme de métier tout autant qu’un homme d’images, et il rend chaque semaine à la société ce savoir en encadrant des aspirants griffonneurs dans différents ateliers municipaux des franges insoumises de la grande banlieue parisienne.
Son art, extrêmement personnel, s’exprime dans la gravure (sur bois, sur polystyrène, sur tout ce qui peut s’entamer à la gouge) de tout format, et dans la bande dessinée (ou gravée). La rudesse du métal s’enfonçant dans la chair des choses donne à son trait une force et une impression de vivacité dont il tire maintenant des effets presque virtuoses. Sa bande dessinée lui permet quand à elle d’utiliser les mots pour magnifier encore son sens de l’image, et de transformer son œuvre en un regard lucide, drôle et souvent profond sur l’absurdité du monde comme sur sa beauté, sur les faiblesses des hommes comme sur leur grandeur…
Son site : gabpapapietro.ultra-book.com/book