Benoit Rollandeau
Le Reverent SenSaï Benoit Rollandeau est un esprit libre, pur produit du climat saintongeais, tendance rurale… Au bord de la départementale où il vit le jour, un autre que lui roulerait aujourd’hui dans une 306 tunée assortie à ses tatouages, mais Ben était de la trempe de ceux qui partent, et son esprit s’envola dès l’enfance vers un ailleurs où les malédictions et le déterminisme social ne veulent rien dire…
Des années plus tard cet appel de l’ailleurs l’amena au Japon dont il revint avec une famille, qu’il nourrit aujourd’hui en professant l’histoire et la géographie dans les collèges et lycées de la banlieue bordelaise. Certains frémiraient de penser que leurs enfants peuvent tomber sur des pédagogues pareils, tant son esprit décalé peut sembler malsain si on se fonde sur sa discothèque de terroriste, sur son extravagante collection de photos de pigeons morts (il en a réalisé des douzaines) ou sur le ton potache des textes qu’il fournit à la Cagouille, aussi régulièrement que celle ci sort de sa coquille… J’aime à croire, quand je cherche à me rassurer sur la nature humaine que d’autres y retrouveraient confiance dans l’éducation nationale…
Benoit, esthète radical à l’esprit vif, clair et outrageux, s’il n’est pas assez poseur pour vouloir être un artiste n’en est pas moins l’homme le plus original que j’ai rencontré. Rouage essentiel de la Cagouille, il est le partenaire parfait, celui qui n’aura jamais peur et vous encouragera toujours au pire quand le pire est la meilleure solution, se faisant au passage le meilleurs gardien de l’esprit de la confrérie…
Benoit n’est pas un artiste, il est bien plus : c’est un individu magnifique, de la rare essence des véritables originaux, ceux qui n’ont pas besoin de boire des bières sur le parking de la superette pour voir la société de l’extérieur… Le soir, quand le soleil abandonne ce monde désolé, ce contemplatif joue du shamisen pour endormir ces enfants… C’est qu’il sait voir d’instinct la véritable beauté de cette désolation.
Benoit habite ce monde, et ce monde en est meilleur.